1 - La création du monde : (1,1-27; 2,1-3) (ou la création de l'univers)
Si nous respectons la chronologie de cette description, Dieu, que nous appellerions aujourd'hui l'Energie, était indispensable à la transformation de la matière. La formule, E=MC², devenue aujourd'hui universelle, traduit ce potentiel. |
La matière existait elle aussi dans l'univers, mais la vie n'était pas encore apparue. |
-13,7 milliards d'années : hypothèse du Big Bang et du début de l'expansion de l'Univers. |
-13,4 milliards d'années : l'univers devient suffisamment peu dense pour que la lumière puisse s'y propager. Les électrons libres se combinent aux noyaux atomiques pour former les atomes. On parle, pour cette époque de "recombinaison" ou de "découplage" entre matière et rayonnement. |
Apparition de l'écoulement du temps : un mouvement d'expansion ne peut exister et se développer qu'avec lui. |
-4,5 milliards d'années : différenciation de la Terre et de l'Univers qui l'entoure. |
-4 milliards d'années : Séparation et organisation des éléments primordiaux qui concernent la terre. La température s'abaisse et la Terre se structure.L'atmosphère est encore saturée en vapeur d'eau, mais celle-ci se condense, et les océans commencent à se former. -3,5 milliards d'années : apparition d'une vie organique primitive.Nous rejoignons là encore la vision scientifique qui envisage l'apparition de la vie dans l'atmosphère de la terre primitive soumise à la foudre des orages (travaux de Stanley Miller). à -2 milliards d'années, le continent est bien individualisé. |
-1,4 milliards d'années : apparition des premières cellules complexes. -400 millions d'années : début du Dévonien : la vie végétale commence à conquérir la terre ferme. |
Différenciation sexuelle au sein de la vie végétale. (Cette étape est la seule qui présente une différence notable avec la chronologie évolutionniste : les fleurs sont apparues il y a 200 millions d'années). |
éléments nécessaires à l'apparition et au développement de la vie. La terre n'est plus un élément isolé, mais un territoire contigu a d'autres espaces. |
-360 millions d'années : apparition des amphibiens. -300 millions d'années : apparition des reptiles. -150 millions d'années : apparition des oiseaux. |
-200 millions d'années : apparition des mammifères. |
-6 millions d'années : apparition de l'homme primitif, à l'image de Dieu, c'est-à-dire totalement intégré à la nature et à la création. |
La pensée et son développement suivent l'action. L'évolution génétique et la sélection aveugle s'achèvent : l'évolution de la pensée commence. Un nouveau tournant de l'évolution s'amorce avec la mise en place des éléments qui permettront l'avènement de la conscience. |
2 – Les débuts de l'humanité :a –le paradis terrestre : (2, 4-24) (ou l'Apparition de la vie)
Un principe d'une importance primordiale est défini comme point de départ : la vie ne peut être dissociée de la matière elle-même. Les molécules qui vont constituer la matière vivante sont les mêmes que celles qui constituent l'Univers. |
Intégration du carbone et de l'oxygène dans la matière : apparition de la matière organique. |
La matière organique s'organise en première cellule vivante. Les plus anciens fossiles de bactéries agés de 3,5 milliards d'année, ont été retrouvés en Australie. Il aura fallu peu de temps (à l'échelle de l'univers), pour que la matière inerte se mue en organismes vivants. |
La vie va croître à partir de la terre elle-même. |
L'eau devient primordiale pour entretenir la vie. |
Importance des bactéries pour transformer le milieu ambiant. |
La conscience n'est pas encore à même de naître, mais la première loi de la nature survient : chaque être vivant possède des attributions bien définies et ne peut pas déroger à ces règles. |
Diversification indispensable à l'évolution. |
Développement de la vie animale. |
Apparition de la différenciation sexuelle au sein du monde vivant. Les côtes pourraient symboliser les gènes, c'est-à-dire les deux "côtés" de la chaîne d'ADN au sein du noyau cellulaire : en effet, les cellules différenciées sexuellement ont des gènes doubles. |
La différenciation sexuelle commence par la différenciation génétique : deux cellules complémentaires apparaissent, la cellule "Adam" possède une côte ou plutôt un côté de la molécule d'ADN, la cellule " Eve" possède l'autre moitié. |
Ce stade de l'évolution décrit la spermatogenèse et l'ovogenèse où chaque élément se reproduira en associant ses caractéristiques propres à un autre élément complémentaire. |
Constitution à partir des cellules parentales d'une seule cellule qui devient une seule chair. |
L'être vivant a atteint le stade animal. La conscience humaine du bien et du mal, ainsi que les jugements qui l'accompagnent n'ont pas encore fait leur apparition. L'animal obéit aux lois de sa nature propre. |
Des vertébrés supérieurs et inférieurs, le vertébré inférieur est le plus instinctif, celui qui n'a d'autres règles que celles de la nature originelle : c'est-à-dire celles de la survie individuelle, sans aucune modification d'ordre social. C'est le mieux adapté aux conditions du milieu naturel. |
Le fruit représente une transition. Il est issu de deux éléments complémentaires, mâle et femelle, et il en est l'aboutissement. Mais, mis en terre, sa graine est le point de départ d'une vie nouvelle. Cette vie est issue de l'expérience du passé et des mutations nécessaires pour qu'elle puisse se reproduire dans un milieu qui a pu changer. Jusqu'ici, l'animal se reproduisait à l'identique, selon des lois sélectionnées, mais sans avoir conscience de ces lois. Une capacité de discernement et d'apprentissage se fait jour. Les lois préétablies sont en passe de changer. Dans ses descriptions, le narrateur semble désormais confondre, sous le terme Dieu , à la fois les lois de la vie, et le pouvoir qui impose ses décisions, acquis ultérieurement par la raison. |
L'instinct de survie sait ce qui est bon car il obéit aux lois génétiques, et non pas aux lois de la pensée qui ordonnent les choses différemment. L'instinct sait que l'on ne meurt pas "physiquement" d'avoir mangé un fruit comestible et il ne se soucie pas de l'interdit. |
Par contre, vous mourrez réellement à votre ancien état pour pénétrer dans un autre monde ! Cet autre monde, c'est l'univers de la conscience dont la porte vient de s'entrouvrir ! ... Désormais, le serpent (l'instinct oublié), apparaît comme le détenteur d'autres clés de la vie que le mammifère n'était plus capable de discerner. (Au sein du rêve, les interactions entre les différentes pensées de l'homme montrent que c'est l'instinct, lié au cerveau reptilien, qui possède la connaissance de la vie). Le terme "Dieu" désigne désormais l'autorité. Le narrateur qui a fait, au sein de la société humaine, l'expérience du pouvoir, confond celui-ci avec le pouvoir divin créateur de la vie. |
La femme, symbole d'une conscience sensible , est la première à agir en fonction de ces règles naturelles oubliées, à percevoir le bon et le mauvais "pour soi", et à reconnaître la valeur des choses. La sensibilité dévoile ici une de ses premières compétences : avant de juger, elle essaie, et ses choix demeurent en accord avec ce qu'elle a ressenti. |
Les capacités de la sensibilité continuent à se dévoiler : son adaptabilité la fait agir en accord avec ce qu'elle a reconnu. Elle recèle aussi le pouvoir de communiquer et de faire partager. |
L'être vivant encore animal accède à la conscience : il a assimilé le mécanisme de vie symbolisé par le fruit, il est prêt à aborder l'étape de la transformation qui permet le passage d'une vie à une autre. Il acquiert, comme la graine issue du fruit, la capacité de migrer d'un espace à un autre, pour acquérir sa propre identité. Mais, comme la graine qui prend son envol, il est désormais démuni de toute protection. C'est sa sensibilité (Eve), qui lui permettra de reconnaître ce qui est bon et précieux, et sa logique (Adam), confrontée à deux pôles différents qui donnera son accord. Mais, pour y parvenir, il devra mettre en présence des impératifs aussi contradictoires que ceux de son instinct (le serpent) et ceux de sa raison (Dieu). La conscience, qui est la faculté de ressentir et de choisir, découvre les contraires, choisit entre eux, et renonce à ses habitudes. Elle est aussi la faculté de percevoir ce que l'on est : se voir nu, c'est se voir tel que l'on est ! De la même manière, au cours de l'évolution, les lois strictes auxquelles obéissaient les formes de vies primitives, sont atténuées avec la capacité des nouvelles espèces à s'adapter à leur environnement. |
Le monde social se met en place. L'être vivant oublie l'obéissance absolue aux lois préétablies, pour établir la communication entre ses différentes composantes. Eve a rencontré le serpent, puis elle communique avec Adam. Ce dernier rencontre Dieu et confronte l'acquisition nouvelle avec la loi primitive. L'animal accède alors aux interrogations propres à l'homme, car les acquisitions nouvelles ne sont plus en accord avec les anciennes. Par ces interrogations, s'ébauche alors la conscience d'un nouveau champ d'action qui ouvre sur l'avenir. |
Le fruit, représentant l'aboutissement d'une vie et le premier stade avant l'éclosion d'une vie nouvelle, appartient désormais au domaine de l'humain. L'ancienne logique, qui répondait aux lois programmées, reconnaît l'existence de la perception sensible qui va permettre de dépasser les doutes et les interdits. Celle-ci, reconnaissant le "goût" des choses, peut déterminer ce qui est bon pour soi, et c'est elle qui va permettre l'éclosion de cette vie nouvelle. Cela se fera au prix de la perte du "paradis", c'est-à-dire d'un monde où la vie était simple, car elle ne nécessitait pas de choisir. Cette réponse, donnée par Adam, pourrait faire allusion au fonctionnement particulier de l'hémisphère gauche : sa logique tient compte désormais des information qu'il reçoit de l'hémisphère droit (ce que nous avons pu constater en étudiant les interactions qui s'établissent au cours du rêve). |
La réponse fournie par Eve décrit le fonctionnement de l'hémisphère droit qui ressent et guide le gauche en accord avec ses perceptions. Cependant, face à l'autorité de la pensée rationnelle, le doute surgit. Et si la nouvelle information était erronée? Quant aux interrogations de Dieu qui suscitent ces réponses, elles montrent la mise en place d'un nouveau langage qui interroge, s'informe et tente de comprendre. C'est ce langage que nous connaissons : l'homme, au contraire de l'animal, ne se contente plus du présent prédéterminé, il a le choix, découvre l'avenir, et va s'interroger sur la conduite à tenir. Le langage discursif est à même de formuler les questions, mais il pourrait bien s'avérer capable de nous séparer de nos sensations. L'homme est en passe de sortir du jardin d'Eden. |
La capacité universelle d'évolution et de transformation (Dieu), a abouti au langage rationnel qui va déterminer les nouvelles option de vie de l'être humain entre instincts et raison. Et la raison rejette tous les instincts. Pourquoi? est-on en droit de se demander!... Certainement parce que toute réaction instinctive est liée à ses propres besoins. Agir en fonction de soi (être "Ego"), c'est-à-dire être "soi-même", met en danger la loi du groupe, et met donc en danger la cohésion sociale de ce dernier. |
La sensibilité agissait jusqu'ici sans se poser de questions. Désormais, elle devient détentrice de la conscience des opposés. Si, auparavant, la vie se reproduisait à l'identique, désormais la gestion des choix va entraîner le doute, et la souffrance. La créativité de l'hémisphère droit va devoir négocier avec la raison. |
Quant à l'hémisphère gauche, privé de sa sensibilité et soumis à sa seule raison, il ne sera jamais capable de vivre en fonction de ce que lui propose le monde. Il tentera toujours de le modifier pour en tirer sa subsistance. Sa "peine" sera d'être obligé d'accepter de dépendre de la vie qui l'entoure. Quelles que soient ses certitudes, c'est la vie qui le nourrira et lui permettra de grandir. Elle seule!... |
La conscience qu'a acquis l'homme de lui-même se développe. Il intègre la notion de temps et découvre qu'il est mortel ; son nouveau langage lui permet de définir cet autre état. |
L'être humain prend également conscience de son pôle opposé. Et il reconnaît que c'est sa sensibilité qui est la véritable force de vie. C'est elle qui est capable de générer la Vie. |
L'évolution continue. Désormais les polarités d'origine, raison et sensibilité, vont cohabiter. L'être nouveau qui a assimilé tout ce que représente le "fruit " de l'arbre (vie dépendante de son environnement) est devenu autonome. Il peut quitter le paradis où il se contentait de vivre sans se poser de question pour cultiver son jardin avec ses propres outils. La pensée rationnelle va devenir prédominante, et tenter sans relâche de comprendre ce monde dans lequel elle vit. Et elle n'aura de cesse de le transformer. |
C'est cette nouvelle forme de pensée qui va désormais se développer au sein de la famille (Caïn et Abel), puis au sein du groupe social (les patriarches depuis Adam jusqu'à Noé). La pensée naturelle est passée dans l'inconscient. |
Les systèmes inhibiteurs apparaissent pour isoler les zones rationnelles de celles de la sensibilité, afin d' éviter les conflits au sein des structures mentales. Les apprentissages fixés par le langage deviennent dominants, inhibent les anciennes structures cérébrales, et donc la spontanéité. Dans ce passage biblique, nous pourrions retrouver aussi toutes les étapes du développement de l'être humain : l'enfant obéit d'abord aux lois naturelles, puis aux lois de l'éducation qui lui font oublier sa nature première. |
Une nouvelle génération d'êtres humains apparaît, mettant en présence deux comportements différents. |
Ici, la vie sauvage et purement instinctive de l'Eden a disparu. Abel vit au rythme de la nature. Caïn la transforme pour l'adapter à ses besoins. |
Aucune explication n'est donnée aux raisons de ce choix, mais le comportement divin pourrait nous donner quelques indications. Il semblerait que Dieu, redevenu en l'homme la force de la vie, accepte ce qui provient directement de la vie (faire de l'élevage et manger ses bêtes), mais rejette ce qui la transforme (labourer, c'est modifier ses supports en en détruisant ce qui était primitivement implanté ; cultiver, c'est créer une autre forme de vie en modifiant celle qui existait). |
Les systèmes rationnels devenus prééminents mettent hors circuit les systèmes de la pensée animale proche de la nature. |
Apparition chez l'homme de la conscience de ses actes. La rationalité, capable de détruire la vie en nous, commence à subir le contrecoup de ses erreurs. La sensibilité intérieure a été éliminée. Le déséquilibre qui s'ensuit place en permanence Caïn, c'est-à-dire l'être humain, dans la confusion. Nous retrouvons ici le mal-être latent dans l'âme humaine et, durant le nuit, l'équivalent des cauchemars qui nous habitent et se répètent. En effet même si les souvenirs semblent effacés, ils demeurent toujours à un niveau inconscient, et les rêves sont là pour nous les rappeler. |
3- le déluge :a –les causes du fléau : (6, 5-21)
La nouvelle raison humaine s'intègre mal au monde de la vie et de la communication. Une mutation se prépare. |
Un homme demeure intégré dans le monde de la vie; il suit les voies de la création naturelle. Or, être intégré dans le monde, c'est se fier à ses intuitions : Noé écoute la voix intérieure (la voix du rêve?) qui le prévient des drames à venir. |
Pour que l'homme puisse affronter les cataclysmes, il lui est nécessaire de garder présents en lui tous les éléments de la vie originelle, vécus en complémentarité depuis sa sortie d'Eden (masculin et féminin, sensibilité et action, animal et homme, homme et Dieu). Ce sont eux qu'il devra assimiler pour survivre. |
Il n'y a plus d'interdit sur ce qui est comestible (cf : la pomme du jardin d'Eden). |
C'est le débordement de l'inconscient qui surgit à tout moment, et submerge toute raison qui n'a pas su tenir compte des lois de la vie. |
Noé, qui a écouté ses intuitions et le message de son inconscient, et qui a su être proche de la nature, peut survivre. Mais pour cela il ne peut être seul... Tous les éléments masculins doivent être accompagnés de leur complément féminin, et tous les êtres humains doivent être accompagnés de leur contrepartie animale et instinctive. Nous pouvons constater que ce qui a été appelé Dieu, dans les mythes de la création, est indissociable de l'évolution. Après avoir régi les lois de la création, pour aboutir a la raison qui s'oppose à l'instinct, il intègre maintenant en l'homme tous ces éléments enfin réconciliés. Nous retrouvons ici ce que nous avons appelé les trois modules de la pensée. Les règles vont cependant réapparaître au sein de l'humanité : les patriarches surgissent ! Les cycles au cours desquels alternent raison et réminiscences instinctives (Le veau d'or) se reproduisent à l'infini. |
(tu n'agiras pas selon d'autres lois que celles de la vie, car elles sont sources de liberté). |
(tu ne projetteras pas à l'extérieur ce qui est en toi, et tu ne figeras pas la vie dans des images ou des pensées). |
(tu ne feras pas appel à tes forces vitales sans être en accord avec elles : aide-toi, elles t'aideront). |
(tu peux travailler à condition de respecter ta nature qui a besoin de repos). |
(tu respecteras les forces capables de créer la vie, ce sont elles qui recèlent l'expérience du passé). |
(tu respecteras la vie). |
(tu ne te tourneras pas vers une autre sensibilité que la tienne). |
(tu ne t'approprieras pas la vie que tu n'as pas créée). |
(tu ne jugeras pas ce que tu n'as pas toi-même vécu, car tu es seul responsable de tes actes). |
(tu n'envieras pas ce que tu n'as pas acquis par toi-même). |
Chapitre 6 - Les deux langages de l'homme : (suite)