Nous avons vu comment certains mythes, qui affirment l’
existence d’un langage universel, résistaient à l’usure du temps. Nous nous sommes alors interrogés sur les rêves dont les images pouvaient constituer un langage qui serait le dernier vestige de ce langage universel. Il concernerait tous les êtres vivants sensibles.
[cf : langage universel].
Nous nous sommes alors intéressés à l’évolution qui nous a menés progressivement d’éléments primordiaux (hydrogène, oxygène, carbone) jusqu’aux organismes évolués pour comprendre
comment s’était adapté leur mode de communication
[cf : évolution].
Nous avons ensuite suivi l’évolution de la communication et du langage depuis l’image jusqu’aux symboles dessinés, qui déboucheront progressivement sur une écriture abstraite
[cf : de l’image à l’écriture].
Représentation de la réalité par des images.
Transformation des images du réel en représentations symboliques,
puis en symboles, supports du langage élaboré.
Cependant, toute cette évolution reposait sur l’évolution du cerveau.
Comment ce cerveau avait-il évolué au cours des millions d’années pour s’adapter à un environnement changeant sans cesse,
tout en conservant le fonctionnement archaïque et a priori inutile du rêve ?
Le rêve nous est apparu comme lié à un fonctionnement particulier du cerveau appelé sommeil paradoxal, qui ne s’active que la nuit lorsque le contrôle conscient s’assoupit. Ce sommeil paradoxal prend naissance dans une région située entre le système limbique émotionnel et les zones les plus inférieures du tronc cérébral.
[cf : système nerveux]. L’hypothalamus jouerait un rôle essentiel
[cf : Sommeil paradoxal et hypothalamus].
Générateur de l'activité du rêve.
Hypothalamus.
Quelles pouvaient être
les causes du sommeil paradoxal ?
C’est encore l’évolution des espèces et de leurs structures cérébrales qui nous a fourni des réponses.
Le sommeil paradoxal n’apparaît que la nuit
lorsque le contrôle mental, lié à la vie en collectivité,
cesse.
D’autre part,
l’abaissement de la température cérébrale nous a permis de dire que cette fonction avait pour origine les espèces à sang froid (poïkilothermes), aux réactions purement instinctives, chez lesquelles le sommeil paradoxal est difficilement discernable.
Ne s’agirait-il pas d’un fonctionnement nerveux instinctif, issu de cette période de l’évolution, qui subsisterait aujourd’hui chez les mammifères et les oiseaux ?
On constate d’ailleurs, au sein du cerveau, que le passage de la poïkilothermie à l’homéothermie s’est produit en même temps que le passage de la neurogénèse à un mécanisme associatif entre neurones
[cf : hypothèses/neurogénèse].
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Poïkilothermes |
Emergence du sommeil paradoxal |
Homéothermes |
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C’est ainsi que nous avons pu envisager dans quelles conditions apparaît le rêve au cours d’un cycle de 24 heures.
– durant l’éveil le cortex frontal inhibe les fonctions non adaptées aux conditions environnementales. Chez l’homme, ces conditions environnementales sont avant tout sociales et excluent tout comportement instinctif.
– au cours du sommeil, le contrôle du cortex frontal cesse, tandis que l’abaissement de la température cérébrale autorise l'apparition du sommeil paradoxal. Les fonctions cérébrales liées à un fonctionnement individuel instinctif peuvent alors s’exprimer
[cf : hypothèses/température].
La mise au repos du cortex frontal permet ainsi de comprendre que le rêve révèle une
tentative de dialogue de notre « inconscient » vers notre conscience du quotidien
[cf : hypothèses/dialogue].
Saisir comment le langage a évolué depuis l’animal qui ressent et agit, jusqu’à l’homme qui exprime ce qu’il ressent par la parole, est alors devenu possible
[cf : langage].
Nous avons alors pu définir l’existence de trois modules dans le cerveau humain :
– un module central qui permet de
ressentir, parler, agir,
– un module « inférieur » qui
déclenche des réactions individuelles appropriées aux événements,
– un modèle « supérieur » qui
contrôle les réactions en fonction des nécessités de la vie en collectivité.
[cf : les trois modules de la pensée].
Nous allons maintenant nous intéresser à la manière dont l’homme, en fonction des époques et des connaissances acquises, est parvenu à
interpréter ses rêves. Peut-être y trouverons-nous des éléments utiles pour donner sens au contenu des rêves.