A - Interactions au sein de la matière :
La matière a abouti à la vie par un mécanisme essentiel : une interaction entre ses éléments primordiaux qui vont s'
associer et créer différents composants capables de varier.
Comme si, dès le départ, l'univers étant fait d'atomes et d'énergie, aucun de ces éléments ne pouvait demeurer isolé et, au gré des rencontres, s'associait et se séparait pour créer des molécules plus complexes...
Le moyen de communication permettant les interactions entre ces éléments était alors "l'énergie".
Au sein de la matière, les particules élémentaires s'associent en molécules.
B - Apparition et évolution de la vie :
a - apparition de la cellule :
Un tournant dans l'évolution de la matière s'est dessiné lorsque des éléments à base de carbone ont créé des molécules plus fragiles, mais capables d'évoluer plus rapidement, qui vont constituer les fondations de la vie animée telle que nous la connaissons.
Il est impossible à l'heure actuelle de comprendre et d'expliquer le pourquoi et le comment de cette évolution, seule des théories dites "
évolutionnistes" peuvent nous permettre de saisir que, dans l'histoire de l'univers, une continuité est observable dans l'évolution de la vie organique jusqu'à nos jours, sans pouvoir déterminer si cette évolution est liée au
hasard ou "voulue" par une force qui échappe à notre compréhension.
De toute manière, pour que l'homme d'aujourd'hui existe, il est inévitable que le "hasard" suive une ligne
nécessaire sans laquelle la vie ne serait pas ce qu'elle est devenue.
Les "hasards" de l'évolution ont donc permis l'apparition des premières molécules organiques, puis des premiers éléments vivants, enfin la sélection naturelle a joué, sélectionnant les modes biologiques viables, mais écartant impitoyablement les "ratés". La
première mémoire fixant dans la matière les conditions de l'échec ou de la réussite apparaît avec la molécule d'ADN.
La première cellule biologique ayant fait la preuve, en survivant, du bien-fondé de ces mécanismes, basés là encore sur les interactions ou communications d'ordre chimique entre ces différents éléments, d'autres paramètres vont entrer en jeu pour favoriser la survie.
Au hasard, favorisant le développement des premières ébauches de la vie, succède la mise en route, par la cellule elle-même, de mécanismes d'
adaptation au monde extérieur.
L'union fait la force ! ...
Hasard ? ébauche d'intelligence ?
Qui peut le dire ?
Au sein de la vie animée, les cellules s'associent en organismes
Mais un jour les cellules s'associent en organismes cellulaires...
- liens chimiques :
Les organismes pluricellulaires créent, pour assurer leur cohésion, des liens moléculaires leur permettant de développer une forme, un territoire, que va occuper l'ensemble de la société cellulaire :
L'animalcule et son corps succèdent à la cellule et, au sein de ce corps, des liens chimiques de communication se tissent.
Les organismes se développent sur un territoire défini...
L'animal passe du stade du
protozoaire à celui du
métazoaire .
A un certain stade du développement de ce territoire corporel, la masse biologique cesse de se développer, les moyens chimiques suffisants pour un village cellulaire s'avérant insuffisants au niveau d'une nation cellulaire.
Alors les cellules commencent à se
spécialiser :
- en cellule "chasseurs" qui puisent dans le monde extérieur les éléments nécessaires à la survie.
- en cellule "restaurateurs" qui transforment les éléments inassimilables en éléments utilisables par la société cellulaire.
- puis des cellules cantonnières instaurent des voies de communication pour transporter les éléments assimilables d'un bout à l'autre du territoire.
...et, au sein de ce territoire, les cellules commencent à se spécialiser.
Chaque cellule participe désormais aussi bien à sa survie qu'à celle du territoire organique, mais sa vie individuelle est devenue
tributaire de l'ensemble du groupe.
Ce développement en organismes favorise les adaptations au milieu.
- apparition de la cellule nerveuse :
Ce qui était suffisant pour assurer la vie végétative du territoire se révèle alors insuffisant pour réagir rapidement aux sollicitations du monde extérieur : la survie est à nouveau en jeu.
Un nouveau système d'information plus rapide devient nécessaire : les "télécommunications" apparaissent, sous forme de cellules nerveuses envoyant leurs prolongements à la périphérie du territoire afin d'
informer en temps réel l'ensemble de la population cellulaire des conditions immédiates de l'environnement.
L'ensemble des cellules de l'organisme accède alors à l'information sur les conditions du milieu extérieur en dehors de tout lien direct avec ce monde extérieur.
Une certaine forme d'intelligence nait : l'animal peut enfin "
comprendre" son environnement et s'adapter très rapidement aux circonstances. L'ensemble de l'organisme informé en temps réel coordonne sa réaction interne tout d'abord, puis par rapport au monde extérieur, une fois que de nouveaux spécialistes de la "locomotion" apparaissent (cellules musculaires, cellules techniciennes de la construction mécanique articulaire).
Cette intelligence est alors essentiellement d'
ordre réflexe et adaptée à l'environnement immédiat : le premier
sens , celui du toucher, est né, bientôt complété par les quatre autres, le goût, la vue, l'ouïe, l'odorat.
c - apparition de l'animal :
- développement du cerveau reptilien :
Mais l'
animalcule peu mobile est encore trop soumis à son environnement, et trop petit pour survivre à un agresseur plus grand. L'
animal à venir est sous tendu par cette adaptation encore trop fragile et trop archaïque : la voie esquissée va se poursuivre pour aboutir au point où nous sommes parvenus aujourd'hui.
Entre temps, la cellule a acquis dans son noyau central une "école" accumulant et dispensant son savoir, et lui permettant de l'utiliser dans la vie. La molécule d'
ADN renferme cette mémoire individuelle et collective dans laquelle va puiser la cellule pour se spécialiser au sein de l'organisme.
Le territoire réduit, aux formes floues, voit ses limites prendre des formes plus définies et sa masse biologique se développer.
Les animaux à sang froid, insectes puis reptiles, vont se développer, intégrant un
système neurovégétatif de nutrition et un
système locomoteur régi par un cerveau archaïque dit "
reptilien".
L'animal est désormais pourvu d'un centre nerveux, le "cerveau", capable de mémoriser les événements et de réagir au milieu par des réactions instinctives génétiques : la survie exige une intériorisation du domaine extérieur, et celle-ci se fait au sein du cerveau reptilien. L'
information qui aboutit au cerveau part de la périphérie du corps pour renseigner sur les contacts immédiats, et l'œil et la vision, l'oreille et l'audition apparaissent aussi pour informer des abords lointains.
Le cerveau primitif est essentiellement orienté vers la survie individuelle, et il est caractérisé par son aptitude à la réaction.
- apparition du cerveau social :
Une nouvelle étape, issue des expériences précédentes faites par la vie, se met alors en place. La vie a appris que la cellule isolée est vulnérable et que le nombre fait sa force, elle va utiliser cette expérience du passé pour poursuivre son évolution.
Le
grégarisme apparaît et, avec l'instinct de meute, un
cerveau social se met en place.
L'animal n'abandonne plus ses œufs ou ses petits dès la fin du cycle de reproduction. La famille apparaît, puis, ultérieurement, la tribu sociale, avec de nouvelles spécialisations : la sentinelle, aux confins d'un territoire plus vaste, est habilitée à prévenir le groupe.
Une nouvelle forme de communication s'élabore alors : le
langage intégre les informations vibratoires brutes perceptibles par tous les êtres vivants (sons, lumière), en un système où la vibration peut être modulée (cri), et l'apparence visuelle modifiée (gestuelle).
Le mammifère, plus encore que le reptile, va aller plus loin dans la mémorisation des événements de la vie. Cette mémorisation devient à la fois individuelle et sociale : les parents apprennent à leurs petits; ceux-ci, devenus grands, intègrent aussi l'expérience du groupe social qui s'
enrichit du savoir de chaque individu.
La mémoire n'est désormais plus seulement individuelle, mais elle devient collective, intégrant les informations brutes de la vie génétique réflexe (cerveau reptilien) dans deux systèmes cérébraux plus évolués : l'hémisphère droit, siège des
affects, et l'hémisphère gauche, siège de la
logique.
Chez l'animal social, le développement cellulaire et la spécialisation se poursuivent au sein de son système cérébral : de nouvelles structures apparaissent pour filtrer les réactions purement instinctives.
- le langage de l'animal :
L'évolution animale est achevée, intégrant la vie intérieure, la vie extérieure, la
sensibilité pour percevoir les mondes extérieur et intérieur, la
logique pour réagir à la perception, et le
langage pour communiquer.
A ce stade, le langage n'existe pas sous la forme que nous lui connaissons : les mots ne remplacent pas encore la vision brute, l'audition, l'odorat.
Il n'y a pas encore de "réflexion" sur les événements, c'est-à-dire perception, synthèse de ces événements sous forme de phrases, puis raisonnement sur ces phrases...
Il y a seulement intervention des sens en vue d'une réaction adaptée.
La reconnaissance elle-même intègre :
- l'environnement :
- l'intrus (dans cet environnement).
- les mimiques et la gestuelle (de l'intrus)
- et son cri (seul langage à cette époque, complément vibratoire modulé de la perception ondulatoire gestuelle)
2 - Développement et évolution de la pensée humaine .
A - développement de la structure sociale :
La vie semble ne rien inventer de nouveau depuis 1a nuit des temps : c'est toujours le même mécanisme d'
association qui prévaut, que ce soit celui qui régit l'association des atomes en molécules, l'association des molécules en cellules, l'association des cellules en organismes ou, chez l'homme, l'association d'individus en groupes de plus en plus vastes.
Si nous partons de l'idée proposée par certains mythes de la création comme le mythe d'Adam et Eve, nous pourrions imaginer qu'aux premiers temps il n'y avait qu'un individu isolé trouvant un jour sa compagne afin de constituer le premier
couple : Adam et Eve. Ce couple eut des enfants : la
famille était née. Puis les enfants, comme chez les animaux primitifs, quittèrent leurs parents et reconstituèrent des individus isolés, pour rencontrer un jour "l'âme sœur" en vue de perpétuer l'espèce... La famille n'était alors qu'un état transitoire.
Mais nous pouvons également imaginer que l'hostilité du monde environnant obligea la famille à rester unie, solidaire d'autres familles pour constituer la
tribu.
L'être humain suit le même plan d'évolution que les atomes et les cellules.
Il passe de l'individu isolé à l'individu solidaire d'un groupe.
Tout comme certaines sociétés animales investissent un territoire, l'homme va faire de même, créant le
territoire de la tribu aux limites bien définies, contigu à d'autres territoires d'autres tribus, et ses mécanismes de pensée et de communication vont suivre la même évolution.
En s'agrandissant, le groupe va éclater et occuper un territoire plus vaste.
L'éloignement va imposer une nouvelle adaptation : le langage va devoir s'affranchir de la distance.
Dans le même temps, les nécessités de climat ou de territoire de chasse vont amener l'homme à utiliser les mêmes comportements que les animaux et en particulier le comportement migratoire que nous appelons
nomadisme.
B - Adaptation de la pensée et de la communication à la structure sociale :
a - période préhistorique :
- Langage auditif et visuel primitifs :
Les théories de l'évolutionnisme nous ont permis de mieux comprendre les mécanismes d'apparition de l'intelligence et son évolution au sein de la
matière vivante et du monde animal depuis les origines de la vie jusqu'à nos jours. Aujourd'hui, les découvertes de la
biologie , de la
zoologie , des
sciences humaines et des
neurosciences ont précisé cette continuité.
Aux origines de l'homme, à l'époque où ce dernier ne s'était pas encore dissocié de son milieu naturel, nous pouvons supposer que ses structures nerveuses étaient peu différentes de celles de l'animal.
Le langage de l'homme de ces temps reculés, dérivant du langage modulé des animaux les plus évolués, n'était pas encore élaboré avec ses règles de grammaire.
Ce langage était essentiellement
représenté par l'image comme nous le démontre l'art
rupestre ou
pariétal .
A ce stade tribal, le langage des comportements assurait les interactions entre les membres de la tribu, comme cela peut s'observer dans les sociétés animales : le langage n'avait pas encore besoin d'être élaboré puisque la vision du monde extérieur suffisait pour ajuster son comportement. Cette communication visuelle observable chez tous les vertébrés supérieurs (parades) s'est développée chez l'homme avec le développement de la mobilité du visage et de ses capacités d'expression (mimiques).
Le premier type de communication était la communication visuelle.
Dans le groupe qui conservait sa cohésion, ce système pouvait assurer à lui seul la communication au sein de la structure familiale ou tribale nomade,.
Chez l'homme, c'est lorsque les tribus nomades commencent à se sédentariser puis à s'établir sur des territoires plus vastes qu'apparaît, avec l'éloignement, la nécessité de systèmes de communication
plus élaborés permettant la perception de l'environnement à de plus grandes distances : systèmes optiques (signaux de fumée), sonores (tam-tam). Ce stade peut correspondre chez l'organisme cellulaire, nous l'avons vu, aux liens physiques et chimiques entre les cellules (hormones diffusant dans l'ensemble de l'organisme) et entre celles-ci et le monde extérieur.
Suffisante pour la communication de proximité, cette communication va devoir se perfectionner pour s'affranchir des distances
Les signaux sonores et visuels vont acquérir une capacité de langage.
Mais qui, de la poule ou de l'œuf a commencé : le territoire mettant en place les conditions d'un langage plus élaboré ou le langage plus élaboré permettant de faire abstraction des distances ?
Apparemment, comme toujours, les deux mécanismes se sont certainement mis en place dans le même temps.
-Langage symbolique des images et des sons :
Cette période est celle dont il nous reste des traces peintes ou gravées. Elle traduit l'apparition d'une nouvelle forme d'
abstraction chez l'homme, qui fixe les événements sur un support extérieur : c'est la
mémoire écrite devenue le complément apporté par l'évolution à la mémoire génétique.
Les sciences humaines nous ont appris que les premiers hommes utilisaient essentiellement les représentations du monde par l'image.
Le cerveau, capable de se représenter intérieurement le monde extérieur...
L'homme de la période préhistorique utilise donc, comme tous les animaux, ces représentations intérieures, mais son cerveau vient de franchir cette fois le premier pas vers "l'
abstraction" : sa pensée est devenue apte à recréer le monde réel sur la paroi de la caverne. Le premier
monde virtuel vient d'éclore : le cerveau peut, après avoir perçu le monde extérieur(1) et l'avoir reconstitué à l'intérieur de ses structures mentales(2), le représenter en deux dimensions(3).
...va devenir capable de transcrire cette vision intérieure en image
Si la structure familiale constituée de membres très proches les uns des autres n'avait pas besoin, pour la chasse et la pêche, de ces supports mentaux pour survivre, par contre la tribu, c'est-à-dire l'association de plusieurs familles se répartissant les tâches, nécessite la mise en place de ce système nouveau.
Ainsi, la tribu s'organise. Chaque membre (chasseur, pêcheur) y exerce une activité spécifique pour subvenir aux besoins du groupe qui devient une entité sociale indépendante du monde extérieur. Mais, en n'utilisant le monde extérieur que pour subvenir à ses besoins, l'homme perd peu à peu contact avec celui-ci ...
L'animal est demeuré apte à percevoir directement, intuitivement, ce que doit être son comportement en fonction des conditions du milieu.
L'homme se différencie alors de l'animal !
Ce dernier demeure apte à réagir en fonction des informations percues...
L'homme, en se spécialisant,
perd ce contact; tout comme l'homme actuel, qui a appris l'électronique, oublie comment pousse une graine. Devenu chasseur ou pêcheur, il obéit non plus à ses besoins individuels comme le fait l'animal, mais à ceux du groupe social.
...l'homme, quant à lui, perd cette capacité en développant d'autres aptitudes utiles au groupe.
Seul le chaman demeure capable de percevoir le monde naturel.
Ainsi l'homme, en s'abstrayant du monde, a perdu l'intégration naturelle de l'animal au monde, et seul un membre de la tribu conserve la capacité de comprendre le monde naturel.
Ce "spécialiste" est le
chaman ou le sorcier, capable, à partir de sa pensée du quotidien dirigée vers un but, de retrouver l'animal dans ses structures profondes, l'animal capable de percevoir et ressentir le monde, et capable de réagir en fonction de l'environnement ...
L'homme capable de parler avec les "esprits animaux", devient capable de "savoir" pourquoi le gibier a disparu, et où il a pu aller à la recherche d'autres territoires de pâturage ...
Cette période marque l'apparition des premières représentations peintes ou gravées des événements de la vie réelle, le premier langage écrit et, en ce sens, la première mémoire de l'homme
transmissible à sa descendance. Mais ce langage demeure toutefois un langage par l'image.
L'apparition des premières représentation peintes ou gravées constitue le premier langage par l'image.
Les premiers
symboles représentatifs de la vie sont nés : reste à développer l'élaboration de ce langage dessiné pour en faire un langage de la communication à part entière, à partir d'images symboliques, se développant parallèlement au langage gestuel et à celui des mimiques qui conservent leur office de langage instantané.
Cette évolution de l'homme montre, au sein de ses structures mentales, l'apparition d'un
nouveau module. Celui-ci, capable d'abstraction, va créer un système inédit lui permettant de décrire ses perceptions pour les communiquer à distance.
L'homme va acquérir une nouvelle structure mentale, "abstraite" du monde naturel.
Cette structure va lui permettre de s'affranchr de la distance et du temps.
Ce nouveau langage abstrait possède l'avantage d'être tout à fait adapté à la vie de l'individu ou du groupe.
b – période historique :(suite)