4 - Le miracle de la communication empathique :
Après cet épisode relatant la sortie d’Egypte d’un peuple qui y avait été retenu en esclavage, des siècles se sont écoulés, parsemés
d’avancées et de recul des civilisations, et marqués, en chaque individu, par une
lutte permanente entre le respect et la haine de l’autre.
Cette lutte aboutira, au bout de nombreux siècles, à l’apparition d’un nouveau courant de pensée, annoncé par l’enseignement de Jésus. Cette vision nouvelle des relations humaines va transformer la loi figée dans les mots, en expériences et sentiments vécus.
Les intentions...
...ne sont pas les actes.
Tout changement politique étant, à cette époque, impossible sans violence, c’est par le biais de la religion et de
l’exemple donné par un homme que le changement s’est amorcé.
Nous avons abordé précédemment les circonstances de la naissance de cet homme
[NdA], ainsi que les conditions
environnementales et familiales qui ont contribué à son épanouissement.
Nous avons également évoqué la longue transition qui s’est produite dans la culture religieuse pour remplacer un dieu vengeur par un dieu d’amour
[cf : L'importance des lois].
Les paroles et les sentiments.
Grâce aux sentiments, tout interdit s’est transformé en expérience vécue :
- La compassion - « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre », (Jean 8 :7 la femme adultère)
- Le sens moral - « Laissez venir à moi les petits enfants, le royaume des cieux leur appartient », (Luc 18 :16, Matthieu 19:14)
- Le non jugement - « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés » (Luc 6 :37)
- L’amour sans limites.
Le tout résumé dans une seule phrase :
C’est grâce à cette transformation des relations humaines que va survenir un événement qualifié de miraculeux par tous ceux qui avaient oublié qu’
ils étaient capables de percevoir le monde d’une autre manière.
Comment cet événement va-t-il être décrit par les disciples de Jésus ?
Bible Louis Segond - Actes 2 : 1-13
Actes 2 : 1
Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu.
Le groupe joue ici un rôle important, car tout homme a besoin de l’expérience des autres pour se transformer.
120 disciples, dont les 12 apôtres (selon la tradition), réunis par l’enseignement de leur « messie », ont appris et mis en œuvre un comportement nouveau.
Ce comportement est décrit dans « Pierre1 : 8-10 ».
8-Avant tout, ayez les uns pour les autres une ardente charité, car La charité couvre une multitude de péchés.
9-Exercez l'hospitalité les uns envers les autres, sans murmures.
10-Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres le don qu'il a reçu.
Ce don est celui dont chacun est pourvu dès sa naissance [cf : enfance, sens moral], dont nous avons pu voir qu’il est l’aboutissement des longues transformations apportées par l’Evolution
Ce don, issu des longues transformations apportées par l’Evolution, est celui dont chacun est pourvu
dès sa naissance [cf : sens moral de l’enfant].
Il se manifeste dans l’exemple donné par la vie de Jésus :
- le partage des pains (Jean 6, 1-16),
- la compassion pour la femme adultère (Jean 8 :7),
- le pardon « absolvez, et vous serez absous. » (Luc 6 :37)
- l’acceptation (le don de sa vie),
Si l’on ne peut affirmer que l’événement relaté dans les « Actes des apôtres », soit avéré, faute de
preuves historiques, nous pouvons cependant imaginer qu’un événement incompréhensible ait été transformé en événement extraordinaire au cours de sa propagation, avant d’être relaté par d’autres disciples.
Pour cela, on pourrait envisager que des hommes qui avaient réappris à ressentir et retrouver en eux les capacités de leur enfance, ont cessé de se conformer aux règles écrites et
agissent désormais selon leur cœur.
Actes 2 : 2
Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis.
La description d’un tel événement, pour nous, est une métaphore qui décrit l’ouverture d’un sens jusqu’ici atténué, voire effacé :
l’ouïe.
Or, nous savons que l’un des tous premiers sens qui apparaît chez le fœtus est celui de l’ouïe
[cf : L’univers sensoriel du foetus]. Ce sens est à l’écoute, non de la parole, mais des sons en provenance de l’environnement maternel : les gargouillis de l’intestin, les battements du cœur, les émotions exprimées par la voix de la mère et les mouvements de son corps...
L’ouïe va se perfectionner, car elle est
indispensable au développement du sentiment d’empathie qui s’exprimera chez l’enfant à partir du 18ème mois.
Bien sûr, dans le cadre du texte auquel nous nous intéressons, il ne s’agit pas d’entendre avec le sens de l’ouïe, mais de ressentir, au plus profond de soi-même, l’information qui nous parvient par l’intermédiaire de ce sens.
Actes 2 : 3
Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux.
Par une nouvelle métaphore, ce passage indique que
tous les participants prennent conscience de quelque chose
auquel chacun accède individuellement.
Comment s’est faite cette prise de conscience ?
Pour ressentir à distance,
l’ouïe n’est pas suffisante : elle peut détecter les émotions mais ne permet pas de déterminer la cause de ces émotions. Pour cela,
la vision va devoir s’imposer.
La vision, complémentaire de l’ouïe, est elle aussi indispensable au développement de l’empathie et de la compassion. Comment éprouver en effet ces sentiments si l’on est incapable d’entendre une voix altérée par l’émotion, et de lire sur un visage cette même émotion ?
La vision suffit...
...là où la parole montre ses limites.
Actes 2 : 4
Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer.
Ainsi, l’apparition des langues de feu pourrait traduire la renaissance d’un sens disparu qui permet soudain de découvrir
une réalité différente de celle décrite par les mots.
La sensibilité retrouvée, source de spontanéité et d’ouverture vers l’autre, va donner naissance à un esprit nouveau, non celui de la raison et du droit, mais celui de l’écoute, de l’observation et des sentiments éprouvés : un esprit que l’on peut considérer comme
redevenu « sain ».
Ce que l’on perçoit du monde dépend bien souvent de l’apprentissage.
Chez l’enfant, cette perception dépend de ses sens.
Après la domination d’un monde vu à travers les mots, la réalité devient lumineuse. Croire et voir avec le cœur sont incomparables.
Actes 2 : 5
Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Bien qu’ils viennent de tous horizons, ces hommes ont un point commun, la piété : ce sont des croyants qui suivent les lois de Moïse et sont à l’écoute de leurs semblables. Leur vie n’est plus assujettie au seul sens des mots : les sentiments déterminent leur conduite.
Actes 2 : 6
Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut, et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue.
Cette multitude perçoit alors les choses différemment.
Revenons aux premiers instants du développement de l‘être humain.
Pour le fœtus à l’écoute, les sons qui lui parviennent pourraient n’être que des bruits. Pourtant ils sont reliés aux sentiments de la mère : bien être, énervement, fatigue, plaisir… En établissant ainsi son premier contact avec l’univers environnant, l’enfant en gestation apprend son premier langage, celui sélectionné par le « dieu-évolution ».
Comment comprendre alors ce bruit entendu par la multitude ? On peut le comprendre comme le frissonnement qui parcourt tout les corps lors d’une intense émotion, et cette émotion éprouvée par chacun se propage à toutes les personnes présentes. Personne ne peut demeurer silencieux.
Dans ce passage apparaissent deux communautés au vécu différent :
- ceux dont l'esprit s'est transformé, qui parlent et agissent par le langage du cœur,
- ceux qui n’agissent qu'en fonction de la loi, et pour lesquels l’événement est un mystère qui attise leur curiosité.
Le fou rire, une émotion partagée.
Actes 2 : 7
Ils étaient tous dans l'étonnement et la surprise, et ils se disaient les uns aux autres : Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ?
Comment ne pas être surpris et fasciné par un tel événement ? Habitués à ne comprendre que les hommes qui partagent notre culture, habitués à ne comprendre la vie que par les mots qui tentent de la décrire, découvrir que les hommes parlent tous, par les gestes et les émotions, le même langage, relève du miracle.
L’étonnement ne concerne toutefois que ceux qui raisonnent. Pour ceux qui ressentent, la question ne se pose plus.
On constate ainsi un retournement de la situation : alors que le développement de la parole s’était fait parallèlement à l’inhibition de la sensibilité, la renaissance de la sensibilité met en arrière plan toutes les connaissances culturelles. Alors que les mots favorisent l’incompréhension, ressentir permet à tous de comprendre et partager.
Actes 2 : 8
Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle ?
Ne confondrait-on pas, ici, langue maternelle et langue sociale ?
La langue sociale est la langue que l’on apprend, bien après la naissance, et qui répond aux codes établis au sein du groupe.
La langue maternelle est celle qui se développe au sein de la mère. Elle sera mise en pratique après la naissance, au cœur de la famille : c’est celle de l’amour des parents pour leur enfant.
Quelle est alors la langue « maternelle » que perçoit cette multitude ? C’est celle de la communication et du partage, un partage oublié qui vient d’être retrouvé.
Pentecôte : recouvrement de la sensibilité et conscience de soi,
en communion avec chaque chose et chaque être vivant de ce monde.
Actes 2 : 9
Parthes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie,
Actes 2 : 10
la Phrygie, la Pamphylie, l'Égypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes,
Actes 2 : 11
Crétois et Arabes, comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu ?
Jésus, en parlant d’un dieu d’amour et en incitant à suivre son exemple, a rendu à ses semblables la capacité de communiquer par leurs sentiments, et la capacité de comprendre les sentiments d’autrui, non par le savoir, mais par la renaissance de l’empathie.
Actes 2 : 12
Ils étaient tous dans l'étonnement, et, ne sachant que penser, ils se disaient les uns aux autres : Que veut dire ceci ?
L’homme raisonnable, en apprenant à inhiber sa perception instinctive, l’a rendue inconsciente. Il a fini par oublier qu’il recèle en lui de telles possibilités. Lorsqu’il devient à nouveau capable de ressentir, il ne peut que s’interroger.
Doit-il écouter ses sentiments, se laisser émouvoir par la beauté ou la misère dans le monde qui l’entoure ?
Doit-il donner foi au langage qui enseigne qu’un pauvre est méprisable, et mettre en avant de fausses capacités qui seraient liées à l’argent et au pouvoir ?
S’il n’a pas fait par lui-même la démarche consciente de se libérer de ses inhibitions, l’homme « raisonnable » peut se retrouver incertain de la conduite à tenir.
Un mystère peut susciter de folles interprétations.
Actes 2 : 13
Mais d'autres se moquaient, et disaient : Ils sont pleins de vin doux.
De même, l’homme raisonnable, qui a acquis les habitudes de la collectivité et possède des convictions personnelles, juge généralement l’expression de la sensibilité profondément ridicule.
Comme nous avons pu le voir, c’est un jugement semblable qui est porté sur les rêves que nous faisons la nuit, lorsque ceux-ci racontent une histoire trop éloignée du comportement généralement admis.
Ainsi, à défaut de pouvoir vivre sa sensibilité, l’homme va juger le monde qui l’entoure en fonction de ses seules connaissances et expériences vécues, c’est-à-dire de son ignorance. Comme il sait que le vin affaiblit le contrôle, il ne peut qu’attribuer à son absorption les comportements inhabituels auxquels il assiste.
3 comportements sont possibles face à une situation inhabituelle :
- l’étonnement pour celui qui n’a pas fait la démarche mais découvre des capacités qu’il ignorait,
– l’ignorance pour celui qui ne sait comment réagir,
– le mépris pour celui qui demeure dans le domaine de ses seules connaissances.
« Et le Verbe s’est fait chair » Jean 1 : 14
« Et la parole est redevenue langage du corps »
« Le seul langage universel connu aujourd'hui est le langage émotionnel et gestuel,
relayé par l’audition et la vision,
en dehors de toute parole. » [NdA]
«
Possédez-vous le langage universel ?
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« Suis-je prêts à les protéger, et à protéger toutes les autres espèces ? »
L'origine du langage de verbal :
(Suite)
Bibliographie :