4 – De l’art rupestre à l’écriture, l’évolution de la représentation graphique en Egypte et Mésopotamie :
A - Simplification et diffusion des images :
Le Paléolithique inférieur (environ de – 800000 à – 300000)
Le Paléolithique moyen (environ de – 300000 à – 40000),
Le Paléolithique supérieur (environ de – 40000 à – 9500), l’art figuratif fait son apparition.
Mésolithique -9600
Néolithique -6000 Poteries
Âge du Bronze -2300
Âge du Fer -800
Antiquité -50
Moyen Âge 500
Époque moderne 1500
Époque contemporaine 1789
Pétroglyphes et peintures rupestres nous décrivent à la perfection
l’environnement et le style de vie des populations. Ils parviennent même à exprimer
les émotions des artistes. Mais ce graphisme est trop imprécis pour transmettre les connaissances acquises par les populations. Les images nous donnent tout au plus une idée de l’environnement local, du passage de la vie de chasseur cueilleur à celle d’éleveur, ainsi que de l’évolution des armes.
De plus, ne pouvant être déplacées,
ces images demeurent une information locale.
Pour parvenir à l’écriture, une nouvelle étape de l’évolution du graphisme s’est avérée nécessaire.
C’est ainsi qu’au néolithique (-6000ans), le développement de l’agriculture et de l’élevage marqué par la sédentarisation des peuples va être à l’origine de nouveaux besoins.
L’apparition des poteries marque un double tournant :
- En tout premier lieu les récipients vont mettre les céréales collectées à l’abri des animaux et des intempéries. Puis, le développement du commerce va rendre leur usage indispensable.
Les premières
céramiques sont de fabrication simple : des
colombins d’argile sont superposés pour former un récipient.
Apparus vers – 8000 ans, l’usage de ces récipients va se généraliser vers – 6000 ans.
Poterie à colombins .
- Dans le même temps, une évolution de la communication par le graphisme va survenir. La poterie va devenir
un support de l’image dont la taille réduite va favoriser les graphismes simples, transition indispensable à l’avènement de l’écriture.
C’est ainsi que nous allons retrouver les lignes que nous avions découvertes sur les parois rocheuses.
Vase daté du Bronze ancien (autour de 4000 AP),
découvert dans une sépulture au Bono (Morbihan-France).
Le graphisme va peu à peu s’aérer et acquérir sa qualité artistique, tout en conservant sa
qualité d’information.
Tombe du roi scorpion. Nagada III (Egypte)
(Dessin faisant référence à une peau animale tendue sur des bâtons
représentant l’enveloppement du défunt dans une peau -3700 Av JC)
Les formes tracées au trait se remplissent.
Récipient trouvé à Hacilar | (Turquie)
Les images se font plus détaillées. Elles évoquent la réalité et acquièrent leur
aspect narratif.
Vase néolithique de la vallée de l’Indus.
Vase du néolithique, Egypte ancienne - Nagada II (3500-3200 av J.-C)
Nous allons retrouver cette transition par ces supports mobiles
dans la suite des transformations qui aboutiront à l’écriture en Egypte et en Mésopotamie.
B – Le passage de l'image à l’écriture en Egypte :
Le Paléolithique inférieur (environ de – 800000 à – 300000)
Le Paléolithique moyen (environ de – 300000 à – 40000),
Le Paléolithique supérieur (environ de – 40000 à – 9500), l’art figuratif fait son apparition.
Mésolithique -9600
Néolithique -6000 Poteries
Âge du Bronze -2300
Âge du Fer -800
Antiquité -50
Moyen Âge 500
Époque moderne 1500
Époque contemporaine 1789
L’histoire de l’écriture, depuis l’image jusqu’à ses symboles graphiques, s’est déroulée sur des millénaires et de façon différente suivant les régions : si l’Égypte et le Moyen-Orient ont peu à peu assimilé les apports extérieurs, la Chine a conservé son système ancestral.
Nous allons explorer maintenant l’histoire de cette évolution en Egypte, évolution qui va nous permettre d’en décrire
toutes les étapes depuis la représentation par l’image jusqu’à un codage symbolique.
a - La préhistoire égyptienne :
Au cours de cette préhistoire, 5 systèmes graphiques se sont succédé.
1 - les gravures et peintures pariétales,
2 - les gravures et peintures sur vase,
3 - les sceaux,
4 - les incisions sur des récipients,
5 - les taches d’encre.
1 - Le 1er système graphique – les gravures rupestres :
On les trouve sur des roches du désert (les plus anciennes, dans la région d’Assouan, remontent au paléolithique supérieur, environ 18 millénaires avant notre ère).
Jusqu’à la fin du 4e millénaire avant notre ère, les scènes gravées représentent surtout
la chasse, les affrontements guerriers et les rites funéraires.
Chaque scène saisit, comme un instantané, l’aspect le plus représentatif d’un événement. Elle exprime, aujourd’hui encore,
le vécu des hommes de cette époque reculée.
Prémices des premiers idéogrammes égyptiens, il est probable que chacun de ces
pétroglyphes correspondait déjà à un
mot dans le langage parlé de ces peuples.
Ainsi, des figurations gravées d’ibis et de cigognes ( fin du 4ème millénaire) ont été découvertes dans les falaises du village d’Al- Khawi, au sud de Louxor.
La falaise d'Al Khawy, aux origines de l'écriture pharaonique.
Ministère des Antiquités égyptiennes, Yale University.
Toutes ces images attestent déjà l’évolution des capacités humaines à
communiquer des expériences de vie.
Dans le
wadi Abu Subeira (région d'Assouan), les multiples gravures étudiées révèlent quant à elles de multiples informations sur ces peuples éleveurs et chasseurs.
Homme armé et chien.
Silhouettes humaines dans le wadi Abu Subeira - Assouan, Egypte (-12000 à -3000ans).
On retrouve également une scène collective où
chacun est représenté au cours de son activité quotidienne.
Locus 10
Indispensables à la vie locale , les animaux sont décrits dans le détail.
Aurochs dans le Wadi Abu Subeira (art rupestre du Paléolithique supérieur).
La proximité du Nil oriente aussi les activités humaines.
Bateau de la fin du Prédynastique sur le site
CAS-2 dans le Wadi Abu Subeira.
Le Wadi Abu Subeira.
Plus tard, à l’époque pharaonique (-3150) les mêmes voies de passage continuent à être ponctuées de gravures. Mais elles ont changé. On trouve plutôt des
inscriptions en hiéroglyphes rapportant d’autres activités : expédition militaire, échanges commerciaux, ou exploitation minière.
La multiplication des hiéroglyphes révèle l’enrichissement du vocabulaire parlé
Epoque des gravures rupestres.
« Première étape de l'évolution vers l'écriture :
Le graphisme de cette époque, constitué d’images représentatives,
touche avant tout la sensibilité de l’observateur et marque ainsi son universalité. »
2 - Le 2ème système graphique :
Il est constitué de
scènes variées sur des récipients en céramique (entre -3900 et -3350).
On retrouve ainsi, en Egypte, comme partout ailleurs, l’évolution du graphisme sur des
supports transportables.
Jusqu’à -3700 les c-ware (céramiques à décor en hachure blanche) prédominent.
Poteries datant de la période pré-dynastique,
IV° millénaire avant Jésus Christ, British Museum, Londres.
Sur les d-ware (céramique décorée) la disposition des décorations obéit à d'autres règles de composition.
Jarre décorée d'un grand bateau - Louvre AF 6851 - 4e millénaire av J.-C. Egypte ancienne - Néolithique - Nagada II… |
Vase de l'Egypte ancienne |
Les images, bien que schématiques, sont toujours représentatives de la vie de ces populations : scènes de navigation, suites d’animaux et rites de régénération.
Les vases ont avant tout une
fonction utilitaire, mais ils offrent un support mobile qui va favoriser à la fois le
développement du commerce et celui de l’écriture.
Epoque des poteries.
Les vases peints de scènes complexes vont disparaître rapidement, environ 1 siècle avant l’apparition de l’écriture.
Toutefois, avant de disparaître, ces premiers systèmes graphiques ont fourni des règles syntaxiques à l’écriture. C’est ainsi que l’on retrouve dans la
grammaire hiéroglyphique certaines règles utilisées sur les vases peints.
Par exemple, sur les d-ware comme dans les hiéroglyphes, le pluriel s’exprime par la triple répétition d’un signe.
3 - Le 3ème système graphique :
Il correspond au
potmarks, des
marques incisées sur la paroi externe des jarres en argile avant la cuisson.
Le potmark est constitué d’un signe unique ou de la combinaison de plusieurs : certains deviendront des hiéroglyphes.
Apparues en Égypte dès le début du néolithique, ces marques se multiplient à partir de -3200 avant de disparaître 3 siècles plus tard.
Les potmarks auraient un
rôle comptable, car on les retrouve toujours sur des jarres qui contiennent des denrées.
Ils étaient également utilisés à des fins administratives ou identitaires dans les tombes.
Epoque des potmarks.
4 - Le 4ème système graphique :
C’est en Mésopotamie que les
sceaux font leur première apparition. Puis, introduits en Egypte à la fin du 4° millénaire, ils sont utilisés durant 1000 ans, faisant office de
récépissés pour des transferts de biens voyageant sur de longues distances.
Sceau du pharaon Amenhotep1.
De petite taille, en pierre ou en ivoire, ils servaient à apposer une empreinte sur une tablette d’argile ou un bouchon de jarre.
Epoque des sceaux.
5 - Le cinquième système graphique :
Il est constitué de
marques à l’encre ornant des jarres que l’on a trouvées pour la plupart dans des tombes, les plus anciennes (-3250) dans la tombe U-j à Umm el-Qaab (Abydos). Ce système d’annotations demeure toujours incompris.
Jarres marquées à l'encre dans le cimetière prédynastique U d'Umm el-Qaab (Abydos)
Epoque des marques à l'encre.
Comme dans l’art rupestre, l’évolution générale de ces graphismes commence par des
gravures avant que les
couleurs n’apparaissent.
«Deuxième étape de l’évolution vers l’écriture :
les supports mobiles vont favoriser la transmission de l’information. »
b – L’écriture égyptienne de la première phase :
Cette période se décompose en :
- Egyptien archaïque,
- Vieil Egyptien
- Moyen Egyptien
1 - L’égyptien archaïque :
Cette langue est pratiquée pendant la période prédynastique, dernière période de la préhistoire égyptienne (-4700 -3150).
Les transformations de la langue égyptienne.
Les premières inscriptions connues datent de -3400. On les retrouve principalement dans des contextes funéraires et administratifs. Au cours de cette période les systèmes graphiques se succèdent et les premiers hiéroglyphes apparaissent.
À la fin de la protohistoire égyptienne (Période thinite, vers 3000 avant JC),
les animaux sont perçus comme des êtres
plus puissants que les humains.
Palette du champ de bataille. Nagada III
C’est sans doute pour cette raison que les premiers rois de l'Égypte antique avaient des
noms d'animaux, à l’instar du roi scorpion, dont la marque a été retrouvée dans la tombe U-j (nécropole déjà évoquée d’Umm el-Qa’ab à Abydos).
Toutefois, ces systèmes graphiques ne sont pas considérés comme des écritures car
ils ne transcrivent pas encore les sons de la langue et ne peuvent être compris qu’à l’intérieur d’un contexte culturel partagé.
Ces systèmes sont considérés pourtant commme des tentatives de communication : certains n’ont pas eu de suite, d’autres sont devenus des moyens de communication élaborés et efficaces.
Si ces systèmes n’ont certes pas la précision du langage, on peut y
déceler les prémices de l’écriture.
Epoque Thinite.
Vers la fin de la 1ère dynastie (entre -3000 et -2675 avant notre ère), les Égyptiens changent leur manière de s’inscrire dans leur univers : les rois abandonnent les noms d’animaux et
les formes animales s'humanisent.
Le dieu Seth sur un fragment de poterie.
Cependant, même si ces divinités hybrides n’apparaissent qu'à la fin de la IIe dynastie, elles ne sont pas sans rappeler des représentations plus anciennes.
Thérianthrope à tête de lycaon
portant un aurochs sur ses épaules (Messak libyen).
Capable de vaincre l’aurochs et de le porter sur ses épaules,
l’homme affirmait alors sa force. Mais à la fin de la protohistoire égyptienne
il prend conscience de sa faiblesse. C’est au sein de sa communauté élargie et protégé par les dieux humaisés qu’il va retrouver sa confiance en lui.
Par sa nouvelle représentation des dieux, l’homme montre qu’il a également pris conscience des
deux aspects de sa personnalité : la raison, et l’instinct sous ses différents formes.
Quant aux génies de la nature qui s’étaient
installés dans les temples, ils trouvent maintenant leur place dans les écritures.
Durant cette phase, ces premiers hiéroglyphes n'ont pas de fonction linguistique avérée.
2 - Le vieil égyptien :
Evolution de la langue égyptienne.
Le vieil égyptien est la langue pratiquée durant l'Ancien Empire (-2700 à -2200) et la Première Période intermédiaire (-2181 à -2040).
Ecrite avec des hiéroglyphes, elle a connu plusieurs évolution : phonologiques, grammaticales, ou lexicales.
- Les premiers hiéroglyphes:
Bien que des signes graphiques ayant une fonction d’information soient bien antérieurs aux hiéroglyphes, c’est seulement à la fin du 4e millénaire avant notre ère que l’
apparition d’une véritable écriture est attestée.
La tombe d’Oumm el-Qa'ab a livré un grand nombre d'inscriptions de l’époque du IVe millénaire av. J.-C.. C’est la période des origines de l’écriture hiéroglyphique, sur des étiquettes en os et en ivoire, ou sur des poteries portant chacune de un à trois signes hiéroglyphiques.
La plupart de ces signes sont incisés, d’autres sont dessinées à l'encre noire.
Etiquette pour une jarre d'huile. |
Jarre avec l'une des plus anciennes inscriptions en hiéroglyphe. |
Ces premiers hiéroglyphes sont figuratifs : sans savoir les lire, on peut y reconnaître l’objet représenté.
Etiquettes de la tombe du Roi Scorpion.
Les 4 plaques de droite représentent, de haut en bas, les nombres: 6, 6, 9 et 8.
« Troisième étape de l’évolution vers l’écriture :
simplification et multiplication des signes informatifs. »
A ses débuts, l’écriture hiéroglyphique se limite aux domaines où l'
esthétique et la
valeur magique des mots ont de l'importance : formules d'offrandes sur des stèles funéraires ou des cercueils, textes religieux, inscriptions officielles.
Ces courtes inscriptions désignent un souverain, une bataille, une quantité. C’est aux environs de 2700 avant notre ère, sous le règne du roi Djéser, que vont se développer des
phrases construites que l'on retrouve essentiellement dans les textes religieux des pyramides.
Peu à peu l’écriture hiéroglyphique va se complexifier pour permettre de transcrire le discours oral : elle va progressivement intégrer
des phonogrammes, des déterminatifs et un alphabet.
Elle sera utilisée jusqu’à l'époque romaine, soit pendant plus de trois mille ans.
Les
pictogrammes sont des signes qui désignent ce qu’ils représentent. Ils servent généralement dans des contextes où la langue est une barrière qui limite la communication.
On distingue les logogrammes et les idéogrammes.
Les logogrammes nomment l’objet.
Vache.
Ils sont accompagnés de petits traits non figuratifs pour indiquer qu’ils ne sont pas utilisés pour leur sens phonétique.
- un trait vertical précise qu’il s’agit de l’objet ou de l’idéogramme,
- trois traits indiquent le pluriel ;
Les idéogrammes sont des images qui indiquent une idée ou une action. Ils transmettent leur sens sans avoir besoin d'être prononcés.
Ils indiquent aussi bien des objets (comme le soleil) que des concepts abstraits (le lumière).
Soleil ou jour,lumière.
Ils peuvent également indiquer une action, ici l'action de marcher.
Marche, course, mouvement.
Les phonogrammes :
L’écriture a débuté par une représentation des êtres et des choses, Mais les symboles n’auraient pu désigner le langage parlé si, dans le même temps, l’humanité n’était parvenue à
isoler des sons dans le langage, à
adjoindre à chacun un symbole graphique puis à les organiser grâce à une grammaire.
Ainsi, l’innovation la plus importante dans le développement de l’écriture est l’acquisition de la phonétique (-3100 avant JC), c’est-à-dire la capacité à reconnaître des sons différents dans les expressions sonores, et à décider de symboles pour les transcrire, comme c’est le cas en musique.
Mais avant cela, l’image a dû évoluer et se simplifier.
Des centaines d’étiquettes retrouvées dans la tombe U-j nous donnent des indications sur cette évolution.
Un pétroglyphe de cigogne évoqué précédemment se retrouve sur l’une des étiquettes, marquant cette miniaturisation et le passage d’un support fixe à un support mobile.
Avec l’apparition de la phonétique, l’image transcrit les sons de la langue en isolant les syllabes du mot.
Ainsi, la cigogne qui se dit « Ba » et le siège qui se prononce « Set » se trouvent regroupés sur une étiquette indiquant le nom d’une ville antique du nord de l’Égypte : Basset.
« Quatrième étape de l’évolution vers l’écriture :
les sons de la parole sont représentés par des signes hiéroglyphiques,
certains signes sont assemblés sous forme de rébus.
»
Les phonogrammes peuvent représenter une, deux, ou trois consonnes, les voyelles n’étant pas reconnues.
Chouette ou son "m".
Maison ou son "pr".
Coeur et trachée ou son "nfr".
Les déterminatifs :
Images et symboles peuvent décrire avec précision l’objet ou l’être vivant, mais non
pas une action en cours. Elle pourra l’être grâce aux déterminatifs, apparus 2 siècles plus tard. Ces signes complémentaires ne se prononcent pas,
ils précisent le sens des mots (objet, animal, divinité, action...).
Lièvre ou son "wn".
Ainsi, l’image du lièvre, qui indique aussi le son « wn » prend un sens différent selon le signe ajouté.
Exemples de déterminatifs levant l’ambiguïté entre des sons identiques.
« Chaque signe graphique peut prendre plusieurs sens.
Tous décrivent les objets, personnages et situations en cours de par le monde
»
L’orientation du texte :
La difficulté d’élaboration de l’écriture hiéroglyphique a nécessité une autre tentative d’organisation qui a abouti aux hiéroglyphes linéaires.
Hiéroglyphes et leur equivalent simplifié.
Les hiéroglyphes simplifiés ont été disposés soit en lignes verticales, ou horizontales.
Le sens de lecture était indiqué par la
direction du regard des animaux ou des personnages représentés. Si les têtes regardaient vers la droite, le texte se lisait de droite à gauche, et inversement.
« Cinquième étape :
L’orientation des signes sur des lignes marque l’établissement d’une grammaire
organisant la succession des signes en langage
»
3 - Le Moyen Egyptien :
Tour en conservant leur aspect figuratif, les hiéroglyphes linéaires constituent une avancée mais, exigeant toujours une certaine habileté et mal adaptés pour l’écriture des documents administratifs, une nouvelle simplification a dû s’imposer : le hiératique.
- Le Hiératique :
Cette écriture apparaît durant la période du moyen égyptien, à partir du Moyen Empire (-2033 à -1786).
Contrairement aux évolutions précédentes, les caractères hiératiques
obéissent à des règles : désormais tracés en lignes horizontales, ils se lisent de droite à gauche.
Transformation de l'écriture hiéroglyphique en hiératique, selon Champollion.
Caractères hiéroglyphiques et leur correspondance en hiératique.
Les caractères hiératiques ne représentent plus des objets, ils sont composés
uniquement de signes abstraits.
Papyrus Ebers : l'un des plus anciens traités médicaux connus
écrit en hiératique (XVIe siècle av. J.-C.).
«Sixième étape :
les images disparaissent, remplacées par un tracé
qui favorise une écriture rapide.»
c – L’écriture égyptienne de la seconde phase :
- Le néogyptien : (-1500 à -700)
Sa structure grammaticale est plus analytique et utilise les auxiliaires. Des articles définissent le genre des noms.
Une évolution de l’orthographe reflète la prononciation.
L’écriture se développe sous forme de récits religieux (Le Procès d'Horus et Seth) ou historiques, ainsi que de contes à arrière-plan mythologique (Les Deux frères).
Le conte des deux frères.
Le néo-égyptien, outre le fait de marquer une nouvelle étape de l’évolution de la langue égyptienne, a apporté une documentation historique très riche.
- Le démotique :
Devant la quantité de textes à écrire, les scribes vont peu à peu mettre en place une nouvelle forme d'écriture, toujours plus simplifiée : le démotique (du grec « demos » : « populaire ») réservé aux
textes administratifs. Cette écriture dont les signes sont
ligaturés va se développer à partir du VIIe siècle avant notre ère et sera utilisée jusqu'au Ve siècle après J.C.. Le hiératique est alors réservé aux
textes religieux.
Ecriture démotique.
Pierre de Rosette (7ème siècle AV JC).
Les images sont totalement abandonnées au profit de signes dont les lettres,liées entre elles, favorisent un
tracé toujours plus rapide.
Annotations en démotique sur le plan d’une mine d'or.
- Le copte :
C’est la dernière évolution de la langue égyptienne.
Le copte utilise à la fois l’alphabet grec et 7 caractères du démotique pour indiquer des sons ignorés par la langue grecque.
Alphabet copte.
Dans cet
alphabet, à côté des caractères grecs aisément reconnaissables, il est possible de retrouver l’origine des caractères empruntés à l’écriture égyptienne.
Transformation progressive des hiéroglyphes en démotique.
La majorité des mots utilisés sont issus de la langue égyptienne, auxquels s’ajoutent des emprunts au grec.
Sous l'influence grecque, le sens de l'écriture s'inverse pour passer
de gauche à droite.
Attesté dès le IIe siècle sous l’occupation romaine, et encore parlé par les paysans de Haute-Égypte au XVIIe siècle, ce langage demeure aujourd’hui la
langue liturgique de l'Église copte.
« Septième étape :
L'alphabet s'impose. »
« On constate que l’histoire de l’écriture en Egypte
suit l’évolution générale du graphisme
qui prévaut chez les enfants et s’est développé dans le monde.
»
« Peu à peu les images disparaissent,
et l’écriture suit désormais une trajectoire ordonnée.
De même, l’homme quitte la vie en milieu naturel
pour s'adapter aux règles de la vie en société. »
C - Le passage de l’image à l’écriture en Mésopotamie :
(bientôt)
Bibliographie :